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La délégation des États Unis provoque une commotion dans pays hôte du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI). "Nous sommes (…) obligés d’exprimer notre déception par rapport au fait que le gouvernement de Tunisie n’a pas profité de cette opportunité importante pour démontrer son engagement envers la liberté d’expression et d’association en Tunisie".


Dans une note sans précédent, la délégation des États Unis assistant au SMSI de Tunis dénoncent le climat hostile à l’endroit de la liberté d’expression en Tunisie. C’est avec des mots très forts que la délégation a adressé un message de mise en garde aux autorités tunisiennes, en référence très claire aux événements de violence des forces de l’ordre tunisiennes perpétrées envers des opposants du régime du président Ben Ali.


Il faut rappeler que cette déclaration arrive à point le jour de la clôture du SMSI, soit à peine quelques heures après qu’une brochette d‘événements de censure de sites web, de bayonement de la liberté d’expression et de violation du droit d’association ont pris place sur le site du SMSI, ainsi que dans plusieurs endroits du centre-ville de Tunis. Les événements de contrôle de l’information ont commencé avec la fouille à grand déploiement d’une équipe de TV5 venue en terre tunisienne pour réaliser un reportage pré-sommet, puis se sont poursuivis avec plusieurs scènes de violence envers des journalistes tunisiens et membres d’ONGs indépendantes. Enfin, l’assaut sur le journaliste vedette de Libération, Christophe Boltanski, la censure d’une partie du discours du président suisse en pleine cérémonie d’inauguration à la télévision nationale, tout comme la perturbation de l’atelier "expression sous répression" de l’ONG néerlandaise Hivos dans l’enceinte même du sommet des Nations Unies, ne sont que des exemples visibles du cimat malsain montré du doigt par les Étasuniens.


Le message de cette délégation a pris de court les délégations plutôt tièdes, pour ne pas dire lâches de l’Union Européenne, du Canada ou d’autres pays généralement enclins à professer des idéaux démocratiques. Si certains délégués européens ont exprimé leur incrédulité face à la répression de la dissidence, leur délégation n’a pas jugé utile d‘émettre un communiqué inéquivoque de condamnation de ces violations des droits humains.


Faisant allusion à une déclaration émise par le Western European and others Group (WEOG) durant la troisième rencontre préparatoire du SMSI à Genève en septembre dernier — et qui demandait aux Tunisiens de faire de l’ordre dans leur maison au niveau du droit à la liberté d’expression et d’opinion, compris comme pré-requis à une société de l’information —, le communqué de la délégation des États Unis stipule "Nous sommes pour cette raison obligés d’exprimer notre déception par rapport au fait que le gouvernement de Tunisie n’a pas profité de cette opportunité importante pour démontrer son engagement envers la liberté d’expression et d’association en Tunisie".


Nous apprenons à l’instant d’un collègue d’Associated Press que les grévstes de la faim, qui depuis 30 jours protestent contre le manque de liberté de presse et d’opinion en Tunisie, ont déclaré en conférence de presse ce matin, qu’ils acceptaient de discontinuer leur moyen de pression. Ils répondent ainsi positivement à une requête officielle de la récipiendaire du prix Nobel de la paix 2003, Shirin Ebadi, jeudi. Cette denière leur demandait de suspendre leur action au vu de la détérioration de leur condition physique. Ils spécifient que cette suspension n’est en aucun cas un arrêt de leur combat pour les libertés. Plusieurs conférences de presse du SMSI feront aujourd’hui le point sur la situation des droits humains en Tunisie. Les représentants de la société civile, ainsi que Shirin Ebadi, partageront leurs observations à cette occasion.



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